15 mai 2006

Georges Pontier
Il est né en 43. C’était une bonne année ! Il est évêque de La Rochelle et vient d’être nommé archevêque de Marseille. J’ai partagé avec lui, pendant un an, le même couloir du foyer des jeunes prêtres étudiants à Toulouse. Je suis sûr qu’à cette époque là il ne pensait pas « tous les matins en se rasant » à un avenir épiscopal! Simple, chaleureux, souriant, du soleil dans les yeux et dans son verbe, il ne manquait pas le rituel du café qui nous permettait de refaire le monde tous les jours entre midi et 14h. C’était l’année universitaire 67/68! Un certain abbé Panafieu était à ce moment là aumônier des étudiants à Toulouse. C’est l’actuel cardinal qui quitte Marseille…
Il faut être à la limite de l’inconscience ou proche de la sainteté pour accepter tâche pareille aujourd’hui…à plus forte raison pour la briguer !
Nul ne peut contester la valeur et la qualité d’un bon nombre de nos évêques français. Les textes que produit le secrétariat de l’épiscopat sont en général remarquables et nourrissants. Mais trois sujets me préoccupent.
1-Comment des gens qui donnent des conseils si avisés sur tous les domaines de la vie sociale, économique ou politique du pays, peuvent-ils être aussi discrets sur les grandes questions de leur propre Eglise ? Un exemple : Il y a trois ans un groupe de prêtres, alarmés par la crise des vocations sacerdotales, envoie une supplique aux évêques de la région Midi Pyrénées et Aquitaine demandant une mise à l’étude de la question des ministères. Trois réponses sur plus d’une vingtaine d’envois. « Priez pour les vocations » disent-ils ! Prions pour que l’Esprit Saint leur ouvre les yeux sur la misère de nos communautés sans pasteurs et leur donne l’audace des décisions qui s’imposent. « L’Esprit appelle autant qu’avant rabâche-t-on » ! Il faut croire que le chemin de ceux qu’Il met en route est obstrué quelque part !
2- Comment se fait-il que de si brillantes personnalités et de si zélés pasteurs dans leurs diocèses rentrent totalement dans le rang au niveau de la conférence nationale ? Qu’attend-t-on pour offrir aux divorcés remariés une possibilité, après un temps exigeant de probation, de pouvoir un jour réintégrer la communion quand ils en expriment le désir sincère ? En aparté certains évêques y sont favorables. Comme souvent dans l’Eglise nous trouverons une solution parfaitement adéquate le jour où il n’y aura plus de demande…Pourquoi cette frilosité dans l’Eglise par rapport à l’expérimentation ? A croire que chaque tentative de réforme doive revêtir les promesses de la vie éternelle ! Jean-Paul II demandait à Jacques Gaillot de chanter avec le chœur. Faut-il en même temps marcher au pas cadencé sous prétexte de collégialité ?
3- L’argument romain. Certains évêques, à bout d’arguments, répondent en levant les yeux au ciel que ces questions et bien d’autres encore doivent être traitées et solutionnées par Rome. Alors qu’attendent nos « excellences » pour imiter un certain député béarnais et entamer un jeûne public sous les fenêtres du Vatican afin qu’on cesse de nous répéter qu’on ne peut pas toucher au statut du ministère sacerdotal quand le nombre de prêtres augmente dans le monde. En attendant, chez nous, les foules« sont comme des brebis sans bergers… »
Georges Pontier est loin d’être un inconscient et il est certainement sur la voie de la sanctification. Quant à l’auteur de cet article, il a bien conscience que le fait d’avoir connu l’ancien cardinal de Marseille et certainement le futur, ne change rien à sa propre sanctification…hélas !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je ne peux résister au plaisir de réagir à la lecture d'un tel texte, qui tranche avec la langue de bois officielle si communément utilisée au sein de l'Eglise !
Si en aparté bien des prêtres, confrontés à la vie réelle de leurs paroissiens, ont conscience de l'urgence de certaines réformes, cela ne semble pas être le cas de leurs évêques, totalement en dehors des réalités du terrain.... ou est-ce simplement la peur de déplaire aux instances romaines ? Dans tous les cas, il est urgent qu'ils prennent la mesure de leurs responsabilités, et que leur rôle ne se limite pas à de la représentation avec des responsables politiques ou économiques, ou à des discussions lors de réunions sans fin, qui ne débouchent sur aucune décison concrète.

"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.