31 août 2006

Baptême
Les beaux jours sont propices aux célébrations de baptêmes. Comment faire comprendre la portée incalculable de ce geste dans une perspective chrétienne ? M’appuyant sur l’étymologie du mot, je parle de trois plongées.
Première immersion dans l’eau. L'eau, l’un des plus forts symboles de la vie, utilisé dans toutes les cultures et toutes les civilisations : eau du ventre maternel, eau de la fécondation des plantes, eau des origines de la vie, sans oublier l’eau dévastatrice du déluge. Une vie que l’on ne transmet que parce qu’on l’a reçue, une vie qui vient d’un ailleurs que les religions appellent Dieu. Et voilà l’enfant ou l’adulte plongé dans la source de l’être et de l’humanité.
Deuxième baptême celui qui se réfère à l’Histoire du peuple de la Bible. Celle-ci nous parle d’un Jean le Baptiste qui proposait un baptême de conversion. On savait dans le Judaïsme qu’on ne pouvait entrer dans le Royaume de la fin des temps sans repasser le Jourdain à la manière de Josué. Voilà pourquoi le Prophète se tenait sur les rives du fleuve et accueillait ceux qui croyaient à l’imminence de cet évènement. Jésus était parmi eux. Mais les évangélistes insistent pour nous dire qu’après le Baptême de Jean « les cieux s’ouvrirent et une voix se fit entendre… » Deux choses réputées impossibles dans la religion officielle qui, au contraire, pensait que depuis la mort des derniers prophètes, aucune voix ne pouvait s’entendre, que les cieux étaient fermées à toute nouvelle révélation et qu’on pouvait aussi se dispenser des signes miraculeux. Le baptême de Jésus le plonge dans la grande histoire messianique du peuple de Dieu et en même temps la bouleverse dans le sens d’un accomplissement.
Troisième plongée : celle qui consiste à entrer dans l’Esprit Saint du Christ. Le cycle vie et mort de la nature se heurte à l’impasse du fini. La mort de tout être est programmée ; le cycle lui-même s’achèvera. Plonger seulement dans la vie, c’est oublier qu’elle porte en elle sa propre fin. Quant au baptême prophétique de Jean, il se rendra à l’évidence de la réalité. Le Royaume n’est pas à portée d’une conversion ascétique ou d’une révolution sociale. Il est à venir et à recevoir. Et c’est dans le Christ que nous reconnaissons cet avènement et cette réalisation anticipée. C’est pourquoi plonger dans l’Esprit du Christ, présence active de la Trinité, c’est s’immerger dans une mort qui ne signe pas le début du néant mais qui inaugure une vie Autre.
Plongée dans une vie donnée,
Plongée dans une histoire de salut
Plongée dans une Présence à n’en plus finir, tel est notre Baptême…
…et tel est le message que parfois il m’arrive d’énoncer…quand le bébé me laisse la parole (au passage merci à Inès, à Chloé et à Raphaël), quand les parents se sont préparés, quand les grands parents n’excitent pas l’enfant par leurs minauderies et que les autres ne sont pas obsédés par l’appareil numérique…

16 août 2006

Peurs et soucis à l'infini.
Chacun peut constater, aujourd’hui, un manque d’éducation généralisé qui n’affecte pas seulement les enfants mais également leurs parents. Les invectives que les uns emploient à l’égard des autres atteignent parfois un degré de grossièreté qui dénote, sous le prétexte de la familiarité, une absence totale de respect. « Mon petit loup » élevé sans d’autre repère que son instinct d’auto défense deviendra un loup ou un asocial.
A l’opposé de ce comportement, je constate une attitude parentale qui se répand de plus en plus. Désirant par-dessus tout que leur enfant vive dans les meilleures conditions et les meilleures dispositions possibles, de jeunes et de moins jeunes parents organisent dans le moindre détail, prévoient le pire, protègent leur progéniture au point qu’ils vivent dans une angoisse perpétuelle qui les mine et qui les exténue…et qui parfois les conduit à ignorer totalement les malheurs ou les attentes des autres humains trop lointains. « Hors de ma famille le monde n’existe pas ou du moins je ne lui accorde qu’une attention relative. Dès qu’un évènement grave atteint mes proches le monde entier s’écroule, quand je ne l’accuse pas d’être sourd à ma plainte! »
Ce besoin de se sentir absolument indispensable pour ses proches ne cache t-il pas un constat d’absence ; absence de ce qu’on appelait une « vie intérieure » ? Cette présence assidue et « collante » à ses proches n’est-elle pas l’aveu que l’on considère qu’ils n’ont aucune ressource intérieure pour faire face tout seuls à certaines situations ou pour répondre au mieux à certaines questions ? Je sais bien que le portable est aujourd’hui un outil indispensable mais jusqu’où peut-il remplacer le discernement personnel ? Jusqu’à quand garder ce cordon ombilical qui empêche les uns de grandir dans leur personnalité et qui maintient les autres dans le sentiment angoissant d’être appelé « au cas où » ? « Je répond à tout donc je suis ». A la limite: "Donne nous aujourd'hui notre souci quotidien"...sinon nous ne vivons plus.
La distance ne s’oppose pas à la présence, elle est une forme de respect et le respect permet à l’autre d’exister en tant que tel.
La vie intérieure demande un dialogue constant avec sa conscience. Une conscience éclairée a besoin d’une lumière qui puisse justement permettre à l’enfant ou à l'autre de se libérer progressivement de toute tutelle excessive des parents mais aussi des influences extérieures. N’y aurait-il pas grand soulagement pour certains parents de savoir qu’en toutes circonstances leur enfant ou leur jeune entretient une relation intime avec Dieu qui les aime plus qu’eux-mêmes ? Et si le coup dur survient, qu’elle n’est pas leur espérance de savoir qu’un autre Esprit leur donne force et que d’autres bras accueillent et protège le malheureux !
La vie « quotidienne » appelle une vie « intérieure », une vie « intérieure » demande une vie « spirituelle ».
« Propos de célibataire sans enfant », me direz-vous…je sais…

07 août 2006

Pauvre Liban.
Une fois encore le Liban est pris comme otage dans la guerre sans merci que se livrent ses voisins. On ne lui pardonnera jamais ses deux péchés d’origine. L’un consiste à être l’ami de la France et de la représenter dans un Proche Orient qui échappe à l’hégémonie américaine. L’autre tare à supporter est d’abriter une forte communauté de chrétiens dans une région majoritairement musulmane. Pierre Claverie l’évêque d’Oran, assassiné il y a dix ans, avait bien raison de mettre en garde les démocraties occidentales contre la tentation du communautarisme, en prenant l’exemple du destin tragique du Liban.
Ceux et celles qui veulent se remémorer l’histoire complexe des relations entre les Israéliens et les Palestiniens depuis 1948, pourront en suivre les méandres au travers du récit émouvant que fait Elias Chacour prêtre, arabe et citoyen israélien, de sa propre vie. Cet ouvrage édité pour la première fois en américain en 1984 a été réédité aux éditions de l’Emmanuel en 2003. Cet infatigable artisan de la paix a su faire fleurir au sein d’interminables conflits de beaux bouquets d’espérance. « Heureux les artisans de Paix ! »
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.