26 février 2008

Re « Femme de Samarie »

Il y a plus de 50 ans que j’entends ou que je lis l’histoire de la Samaritaine dans le chapitre 4 de St Jean. Un homme a soif, s'approche du puits. Il demande à boire à une femme en outrepassant les interdits du pur et de l’impur qui réglaient les relations entre juifs et samaritains soupçonnés d’être les idolâtres des cinq baals ou maris.
Et voilà qu’au bord du puits la conversation s’engage et s’approfondit au point qu’au terme du chapitre la Samaritaine découvre, en elle, une soif d’infini et devant elle, une source inépuisable qu’elle appelle le Messie.
Il a fallu que j’attende jusqu’à ce jour pour me rendre compte que finalement l’homme qui avait soif n’a pas bu …du moins le texte n’en dit rien.
N’est ce pas l’expérience que nous faisons lorsque nous partageons un repas entre amis et que le dialogue se fait si riche, la rencontre si intense qu’à la fin nous avons totalement oublié, non pas de manger, mais ce que nous avons avalé ?
Dans une société consommatrice dont le premier commandement s’énonce ainsi : « Tout, Tout de suite et Tout le temps », où le seul but de l’existence consiste à se gaver de bruit, d’images, de portable, d’Internet, de musique, il est bon de relire ce texte. Jésus ne se jette pas sur cette eau qui pourrait combler sa soif. Il entame un dialogue. Il fait preuve, d’abord, d’un certain respect pour cette femme (elle n'est pas un simple porteur d'eau), et, surtout, de retenue face à son besoin immédiat.
C’est tout le sens du carême. Avant d’assouvir tes envies, prends le temps de réfléchir, demande toi où est l’essentiel, ce qui te fais grandir ou ce qui te rendras esclave.
On aurait pu penser que cette lumineuse leçon de catéchisme avait ouvert l’appétit de Jésus. Les disciples en étaient persuadés qui l’invitent à casser la croûte. Même pas… « J‘ai une nourriture que nous ne connaissez pas »

19 février 2008

Polémique
. Il se passe décidemment des choses étranges dans mon pays !
Les gazettes et les radios s’en donnent à cœur joie. Le président de la République leur a donné un os à ronger que l’on croyait râpé jusqu’à la moelle par la loi de 1905, blanchi et enterré sous un siècle de vieilles rancunes et de faux débats: « Dieu est-il soluble dans la République ? ». C’est dans ces termes hautement « lyophilisés » que certains titres résument les propos présidentiels tenus lors d’une visite à Rome ou devant le comité représentatif des institutions juives de France.
Lorsque le Révérend Père Régis Debray affirme l’importance du fait religieux dans l’histoire des sociétés, jusqu’à en conseiller l’étude dans les écoles ; lorsque les docteurs de la Loi, -les philosophes en vogue- affirment la nécessité de transcendants pour maintenir une cohésion sociale, aucune ligue, aucun comité de pensées éclairées ne s’insurge contre cette prise de position outrageusement discriminatoire vis-à-vis de ceux qui refusent toute référence transcendantale ou religieuse ! Tout se passe comme si chacun avait le droit de penser que les religions ont joué un rôle primordial dans le développement des civilisations mais il y aurait, en démocratie, des lieux où il est interdit d’en parler et des personnes qui sont priées de se taire.
Par contre quand un journaliste de RTL affirme dans une émission matinale qu’un tiers des prêtres du diocèse de Bayonne est homosexuel, qu’un autre tiers vit maritalement et qu’enfin le dernier tiers vit dans l'abstinence, il est évident que la laïcité n’est pas bafouée, que ce journaliste n’a tenu que des propos privés et que l’information des Français est rigoureusement respectée. Pour preuve, aucune association de défense des minorités insultées n’a levé le petit doigt ni ouvert la bouche pour assigner en justice pour diffamation, ce professionnel de la rumeur assassine.
Les deux évènements ne sont pas similaires, j’en conviens. Mais leur coïncidence m’a troublé.
Cette retenue que l’on est en droit de demander au Chef de l’Etat, pourrait-on aussi l’exiger de ceux et celles qui se complaisent à se faire les dents sur de vieux os durcis ? Retenez-vous icônes saintes du petit écran, grands prêtres des ondes longues et parfois très courtes, thuriféraires des nouvelles certitudes éphémères et nous nous retiendrons… de mordre ou de gémir.

04 février 2008

Heureux !
Cette semaine : que des bonnes nouvelles. Le colosse financier se découvre des pieds d’argile et boite bas ; la bourse percée de flèches perfides se dégonfle ; le pouvoir d’achat ne remonte pas ; la cote du président s’effondre ; les taxis sont dans la rue ; d’ailleurs où devraient-ils être ?
Et voilà que l’Evangile, qui clôture cette faste semaine, nous déclare « Heureux ». Ce sont les béatitudes de Matthieu. On reconnaît bien l’incorrigible naïveté du prophète de Nazareth !
« Heureux !» Ce terme sonne faux dans une église. On a tellement dit que les chrétiens sentaient le renfermé, suintaient l’ennui, transpiraient la tristesse que nous nous y sommes habitués. Or notre Dieu veut notre bonheur ! Les textes de la première Alliance en témoignent. 24 fois les mots « bonheur » et « heureux » reviennent dans le Deutéronome, 46 fois dans les Psaumes. Le premier d’entre eux débute par « Heureux l’homme… »
De quel bonheur s’agit-il ? Tout simplement de celui que nous goûtons quand, dans un groupe d’amis, nous vivons ces moments bénis où l’atmosphère se fait légère, où la connivence s’installe, où la prévenance devance toute attente. Ce bonheur humain se résume en quatre mots « vivre ensemble en frères ». Et quand « vivre ensemble en frère » devient la raison d’être de chacune de nos vies, alors nous apprécions notre bonheur en faisant celui des autres. Coup double !
Mais pour « vivre en frères » encore faut-il avoir un même Père. Or chacun sait combien il est difficile au sein d’une même famille, entre frères et sœurs de même sang, de vivre « en frères ». Alors comment y parvenir entre personnes que tout oppose? Cela tient du miracle.
Une enquête récente nous apprend que pour la première fois depuis longtemps, la baisse de la pratique religieuse est enrayée. Devinez où ? Là où on s’y attendrait le moins. Dans les banlieues de grandes villes. Là, le dimanche, des hommes et des femmes de toutes couleurs, de toutes origines célèbrent l’Eucharistie dans des communautés joyeuses, bigarrées, accueillantes et contagieuses. Il leur arrive souvent de partager, au cours du repas qui prolonge la célébration, les spécialités de leur pays d’origine. Ces personnes récemment implantées en France, éloignées de leur famille reconstituent dans la Foi au même Père une famille nouvelle. Si le miracle s’accomplit dans la grisaille des tours et des barres en béton, pourquoi pas chez nous ?
Nous sommes frères parce que reconnus et aimés par le même Père. Quand Jésus proclame ses béatitudes, il ne dit pas autre chose. Tu es pauvre, tu es insulté, méprisé, injurié, victime d’injustice, tu as un Père et rien ne peut te séparer de l’amour de ce Père. Et cela change tout ! Ta vie peut reprendre sens, tu peux affronter tes limites et celles des autres, tu peux être au sommet de ta forme comme au fond du trou, tu as un Père. Cette richesse est inestimable et nul ne peut te la ravir. Alors tu pourras retrouver ta sérénité et « cerise sur le gâteau » tu connaîtras la joie !
« Demeurez en mon Amour…comme moi je demeure en son Amour
Je vous dis cela pour que ma joie soit en vous …Jn 15,11
"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.