24 mars 2016

A qui profite le gavage médiatique ?


Le Dimanche des Rameaux une radio nationale distillait en boucle un florilège de chansons qui avaient pour objet la pédophilie des curés, le tout était agrémenté d’un commentaire perfide laissant la paternité des mots à quelques chanteurs de renom dont l’intouchable Trenet !

Quelques jours auparavant, la meute des média descendue à Lourdes guettait le Cardinal Barbarin accusé d’avoir « couvert » un prêtre  coupable et jugé. Suite aux déclarations de l’Archevêque de Lyon, la ministre de l’Education Nationale rappelait comme par hasard, le soir même, la radiation de quelques uns de ces administrés pédophiles.
 Le Premier Ministre achevait la tâche en demandant au citoyen Barbarin de prendre ses responsabilités. Dans la même semaine, les trois journaux locaux faisaient un titre sur les agissements répréhensibles d’un professeur sur des enfants en taisant son nom mais en soulignant que lui-même avait été victime, quelques années auparavant, d’un prêtre dont on rappelait complaisamment le patronyme. 

Enfin, la Télévision nous présentait une séquence sur les Orphelins Apprentis d’Auteuil dont l’Institution fêtait ses 150 ans et, certainement au nom de la laïcité mais au détriment de l’équité, se gardait bien de révéler qu’un prêtre était à l’origine de cette œuvre.
Entendons nous bien. Si faute il y a, quel que soit l’auteur, elle exige jugement et sanction. Ce que je veux dénoncer c’est l’effet instrumentalisation, accumulation, insinuation des commentaires. D’ailleurs, depuis l’arrestation du terroriste du Bataclan, sans parler de la tragédie actuelle de Bruxelles, les curés pédophiles ont disparu par enchantement des écrans. Pire, les victimes  sont muettes. Silence radio provisoire!

Faut-il renoncer à son abonnement ou à sa redevance en regrettant que l’information se réduise de plus en plus à une communication réussie et le beau métier de journaliste à celui des éboueurs (tout aussi utile par ailleurs)? 

Ne nous y trompons pas, ce n’est pas en accablant une institution particulière et en chargeant l’Eglise du rôle du bouc émissaire que l’on va sortir notre pays du sentiment trop répandu du  « tous pourris ». Qui sème l’accusation au conditionnel pourrait récolter la violence au présent!

Faut-il entrer dans le Samedi noir et se taire  devant le tombeau définitivement scellé de l’Eglise ?

Que l’on me permette simplement de rappeler que les chrétiens se sont toujours considérés comme un peuple de pécheurs . Ont-ils besoin que les nouveaux inquisiteurs le leur rappellent avec autant d’acharnement, alors qu’ils commencent toutes leurs assemblées dominicales par reconnaître leur péché devant le crucifié ? 

J’attends que le conseil des ministres, les séances du parlement, les sessions des tribunaux de France et autres instances de décision débutent  par un confiteor…A suggérer aux nombreux candidats à la « Présidentielle » qui battent allègrement la coulpe… des autres.


19 mars 2016

                                         Palmes


    Curieux équipage que celui de ce prophète juché sur un âne, acclamé par la foule.

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 Rien à voir avec le « triomphe » des généraux romains qui, de retour de la guerre, exhibaient leurs trophées et  traînaient la horde bigarrée des prisonniers promis au marché des esclaves. Vae victis ! 

D’après Zacharie, l’un des derniers prophètes, le messie devait se montrer sur une telle monture pour inaugurer un règne de paix. Chars et chevaux de guerre devenaient alors inutiles.

 Un autre détail signalé par trois évangiles a pris postérieurement une grande importance : les branchages agités au passage de Jésus. Jean précise même qu’il s’agit de rameaux d’oliviers.
 Ils ont donné du fil à retordre à bien des exégètes qui se sont étonnés de cette incongruité. On ne coupe pas des branches fructifères au printemps si, du moins, l’entrée à Jérusalem précédait de peu la date de la célébration de la Pâque. 

Il a fallu étudier de plus près les calendriers évangéliques pour comprendre que cette datation était une présentation raccourcie de la condamnation de Jésus, résumée en une semaine, à l’usage des premiers chrétiens qui venaient en pèlerinage à Jérusalem. Cette allusion aux branchages correspondrait plutôt à une pratique juive de la fête des tentes où l’on construisait des cabanes en palmes au moment des récoltes d’automne. 

Quoi qu’il en soit, la fête des rameaux a survécu à toutes les exégèses. Elle nous prépare à accueillir la Résurrection avant d’entrer dans la Passion du Christ.

Les uns y verront le symbole de l’irrésistible force du printemps  qui triomphe de tous les hivers ; les autres s’attacheront au signe de la bénédiction qu’ils répandront dans les maisons ; d’autres encore accrocheront le brin vert au crucifix familial pour se souvenir de ceci : si la croix est potence de mort, elle est aussi arbre de vie du jardin de la création nouvelle. « Puérilités entretenues par les religions », « derniers relents d’une mentalité magique » protesteront les censeurs éclairés. 

Et pourquoi pas, simplement, humbles passerelles vers le Divin...

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"L'âne se jette à l'eau" aux éditions Médiaspaul.